Comment vivre avec un chien difficile et agressif ?

Au début, il avait vraiment peur 😱de tout. D’ailleurs les 2 premières semaines, j’habitais chez mes parents car j’étais en transition. Il a jamais aboyé et je me suis dis “Waouh, c’est incroyable j’ai un chien qui aboie pas”. En fait, il était juste tétanisé et plus il a pris la confiance, plus son instinct territorial et de protection🪖 a pris le dessus. Il a commencé à grogner et aboyer et puis j’ai pris contact avec les premiers éducateurs canins. Les techniques utilisées n’étaient pas tout à fait celles qui me convenaient, notamment car elles ont presque augmenté sa réactivité. C’était des méthodes plutôt punitives et traditionnelles, des cours collectifs avec plusieurs chiens réactifs, ce qui augmentait son niveau de stress et surtout, a entrainé une diminution de ses signaux. Il aboyait plus, il allait directement contre les gens. Et c’est là que les incidents ont commencé, des accidents même. On a eu plusieurs accidents plus ou moins graves jusqu’au jour où on a eu un accident plus grave, c’est-à-dire que Juno a mordu quelqu’un jusqu’au sang🩸, sur le mollet. C’était devant chez nous, toujours lié au territoire. Pour moi ça a été un déclic énorme, je me suis dit que j’avais une bombe à retardement 💣 entre les mains et même une arme dangereuse. Mon monde s’est écroulé. C’était vraiment une loterie, je me disais “j’ai un chien qui est lunatique, que je comprends pas et que je peux pas contrôler”. J’étais vraiment dans l’idée que je ne pouvais pas contrôler mon chien. Avant cette première morsure, je me rendais pas vraiment compte de ce qui se passait, et à quel point mon chien était réactif. 

C’est là que j’ai rencontré Laetitia et qu’on a commencé ce travail ensemble. Quand j’ai eu mon 1er rendez-vous avec Laetitia, je dois avouer que le bilan a été très dur pour moi car tout d’un coup il y a eu des mots sur mon chien et sur notre relation. C’était très dur parce que les premiers conseils étaient de réduire les balades, de mettre la muselière, de cacher les fenêtres. C’était vraiment assez dur à entendre. Puis au bout de 2-3 jours, je me suis rendue compte à quel point j’avais enfin compris et que je pouvais aller de l’avant. Alors qu’auparavant, j’avais l’impression d’aller droit dans un mur, j’avais enfin le sentiment de pouvoir avancer et de faire avec mon chien, plutôt que de faire contre. Le début de ce travail de rééducation comportementale m’a permis aussi de réellement comprendre à quels moments la réactivité avait lieu, et lorsque c’était ok. Ainsi, j’étais d’autant plus vigilante lors de situations particulièrement compliquées. Et ça, ça a été assez salvateur parce que du coup j’ai pu  baisser ma garde dans certaines situations, et faire vraiment très très attention dans les endroits pas ok. En l’occurence à la maison. Et pour ça je dois dire que j’ai beaucoup de chance parce que par rapport à d’autres propriétaires de chiens réactifs, je peux faire plein de choses comme aller au marché, aller au bord du lac, etc. Par contre, quand il déclenche, il peut être dangereux. Donc voilà c’est mon histoire, notre histoire à nous⚖️. Il n’ est pas souvent réactif, mais quand il est réactif, il est dangereux. Ce qui est vraiment difficile c’est que quand tout va bien comme ces derniers 3 mois, c’est super et j’ai l’impression d’avoir presque un chien normal et puis d’un coup il y a un incident/un accident et là mon monde s’écoule. 

En janvier, on a eu une 2ème morsure et on a été dénoncé au vétérinaire cantonal👨🏽‍⚕️, on a dû faire le test de comportement/de compétences. Ce sont des moments qui sont très durs. C’est vrai qu’à chaque accident, il y a toujours  une phase où je me demande si c’est le bon choix, s’il serait pas mieux ailleurs. Plein de gens autour de moi m’ont même dit qu’il fallait le piquer💉, que ces chiens ne devraient pas vivre. C’est assez dur d’avoir autant de gens extérieurs qui menacent de mort mon chien, comme mes proches qui disent que c’est trop dur à gérer pour moi. Je sais que ça part d’un sentiment d’amour💕 mais c’est toujours très dur d’entendre dire que peut-être je serais mieux sans ce chien, qu’il soit replacé ou carrément euthanasié. Je me suis même dis “je travaille tellement avec lui, que personne aura les ressources pour faire ce que je fais” donc si je le replace, ce serait bien pire. C’est vrai que cet incident avec dénonciation puis test a été un moment très très stressant. C’est toujours un peu stressant de se dire que la police cantonale a un dossier sur son chien. Finalement, ça s’est bien passé. Je suis vraiment contente, surtout que les professionnels ont salué le travail qui a été fait avec Juno. Cela montre qu’avec une année de rééducation comportementale, même s’il reste réactif, il est possible de recadrer certaines choses et qu’il est quand même possible pour lui de vivre en société. En tout cas, les professionnels du canton considèrent que mon chien peut vivre en société et c’est rassurant de l’entendre d’experts.