22. Comprendre et faire le tri dans les éducations canines.

Ah, les chiens… tout le monde a son mot à dire. Vétos, voisins, promeneurs…  Sans parler de Google et Facebook.

Et pourtant, pas 2 réponses ne se ressemblent. Toutes semblent être logiques et faire du sens ! Alors, comment faire des choix ? Nous proposons 3 questions à te poser pour t’aider à faire le tri dans les informations :

  1. Est-ce que la personne est formée dans le domaine qui me questionne. Avoir des chiens depuis 20 ans ne veut pas dire grand-chose : je mange des gâteaux depuis 20 ans et je ne suis pas pâtissière pour autant (Malheureusement !). Ensuite, “les chiens”, c’est vaste. Tout comme pour les humains, il existe différents corps de métiers chez les chiens, dont chacun représente quelques années d’études : éducateur, toiletteur, promeneur, vétérinaire, entraîneurs d’agility… Chacun son domaine ! Même chez les vétérinaires il y a plusieurs spécialités.  D’ailleurs cette règle est valable dans les deux sens, ne demandez pas de conseils de nutrition ou de santé à votre éducateur canin, mais bien à votre vétérinaire !
  1. Est-ce que la personne continue de se former ? Car avoir un diplôme d’il y a 10 ans, ce n’est pas un souci à condition que l’on se forme chaque année.  En effet l’éducation canine basée sur la science évolue (car la science évolue), surtout dans nos pays où nous avons été très en retard sur l’application de la science.
  1. Une fois que tu as estimé que la personne est qualifiée pour te donner des conseils, est-ce que tu te sens à l’aise avec l’application de ce conseil ? Tu peux y réfléchir plusieurs jours, prendre un autre avis, tu n’es pas obligé d’appliquer tout de suite ce que l’on te dit, surtout si tu as l’impression que ça peut avoir des répercussions. Et cela compte également pour ce que nous t’enseignons ici !!! Il est important d’avoir un esprit critique et de pouvoir prendre du recul. Et surtout, si tu ne veux pas faire quelque chose à ton chien pour des raisons qui t’appartiennent, même si le meilleur spécialiste du monde te le dit, ne te force pas.

Le même schéma s’applique pour la lecture de livre, blogs, vidéos internet, etc : qui est l’auteur ? est-il qualifié, expérimenté, se forme-t-il régulièrement ? Si le livre est vieux, probablement qu’une bonne partie des infos sont obsolètes. Pareil pour un article de blog.

Mieux comprendre les éducations canines

En très simplifié, il existe 2 courants principaux en éducation canine :

  • L’éducation dite “traditionnelle” ou “coercitive”, qui existe depuis très longtemps et se base sur la punition pour faire diminuer les comportements non souhaités.
    ➡️ La motivation du chien à fournir le bon comportement est d’éviter la punition.
  • L’éducation dite “positive” ou “bienveillante”, qui est apparue assez récemment et se base sur le renforcement pour faire augmenter les comportements souhaités.
    ➡️ La motivation du chien à fournir le bon comportement est d’obtenir la récompense.

Parfois la limite est floue entre les deux courants. Certaines personnes disent et pensent travailler en éducation positive, mais parfois, involontairement dans les faits, il y a une partie coercitive. Une éducation où l’on utilise les récompenses n’est pas forcément une éducation positive.

Pour mieux comprendre ce que cela implique, voici ce qu’on appelle le quadrant des renforcements :

  • Renforcement positif: quelque chose que j’ajoute à la suite d’un comportement, et qui permet d’augmenter la probabilité d’apparition de celui-ci.
    >> Par exemple, j’ajoute une récompense à chaque fois que mon chien revient au rappel -> il y a donc plus de chances que mon chien revienne au rappel.
  • Renforcement négatif: quelque chose que j’enlève à la suite d’un comportement, et qui permet d’augmenter la probabilité d’apparition de celui-ci.
    >> Par exemple, j’enlève la pression que j’ai exercé sur les fesses de mon chien pour qu’il s’asseye.

  • Punition négative: quelque chose que j’enlève à la suite d’un comportement et qui permet de diminuer la probabilité d’apparition de celui-ci.
    >> Par exemple, si mon chien me saute dessus dès que je lui mets la laisse avant de partir en promenade, alors j’enlève la laisse (et donc je lui retire la promenade).

  • Punition positive: quelque chose que j’ajoute à la suite d’un comportement et qui permet de diminuer la probabilité d’apparition de celui.
    >> Par exemple, j’ajoute une saccade lorsque mon chien tire en laisse.

Ici, les termes « positifs » ou « négatifs » ne sont pas associés à quelque chose de bon ou de mauvais, mais à quelque chose que j’ajoute (+) ou que je retire (-).

Le renforcement positif est associé à la punition négative, le renforcement négatif est associé à la punition positive.

L’éducation positive dans le sens où nous l’entendons, non seulement utilise le renforcement positif, mais surtout s’intéresse aux émotions du chien. C’est pourquoi nous parlons d’éducation « bienveillante ». Il s’agit ici de respecter son émotionnel pour lui permettre d’avancer à son rythme et éviter donc les problèmes de comportement.

Si on n’anticipe pas, et que le comportement apparaît, il est ensuite très difficile de rester positif (une fois que mon billet de 1000.- est dans sa bouche…. Oups.). L’anticipation, c’est la meilleure compétence qu’un propriétaire de chien peut développer !

Anticiper, concrètement, ça veut dire : est-ce que j’ai bien rangé mes chaussures ? Est-ce que mon chien est prêt à partir pour 5h de train (est-ce que j’ai bien commencé par 30 secondes, puis 1min, etc, jusqu’à 5h ?)? Est-ce que mon chien est capable de rester seul quand je vais recommencer le travail ? Est-ce qu’il va être à l’aise quand il va rencontrer tel chien un peu brusque, ou devrais-je éviter la rencontre ?

En effet, on a souvent tendance à dire « je veux que mon chien arrête d’aboyer, arrête de tirer, arrête de ronger mes chaussures, etc. ». Ok, mais un chien, c’est un être vivant, on ne peut pas supprimer un comportement sans le remplacer par un autre. Un chien ne peut pas « ne rien faire ». Et en plus, ce n’est pas ce que tu veux vraiment, sinon tu aurais acheté une peluche, n’est-ce pas ? On aime que nos chiens soient plein de vie.

Alors, qu’est-ce que je veux ?

Par exemple, au lieu de sauter sur les gens… je veux qu’il se mette assis pour leur dire bonjour.

Au lieu de ronger mes chaussures… je veux qu’il ronge un os.

Au lieu d’aboyer… je veux qu’il se couche.

Au lieu de tirer en laisse… je veux qu’il ralentisse son rythme dès que la laisse commence à se tendre.

Ah ! Là, on peut commencer à faire des apprentissages, alors ! Et donc on peut faire ces apprentissages en éducation positive. Je peux apprendre à mon chien que le meilleur moyen d’obtenir X ou Y (dire bonjour, aller sur une odeur, etc.) c’est de faire le comportement A ou B. Bingo ! Mon chien se sent gagnant, moi je me sens gagnant, mes chaussures aussi, l’invité aussi, bref, c’est top.

Et grâce à un tel procédé de « gagnant-gagnant », la relation entre mon chien et moi est renforcée au lieu d’être dégradée. Fais donc toujours un échange. Si tu lui enlèves ce qu’il a sans rien lui donner en échange, il ne comprendra pas !

Le point sur la punition positive (P+)

Il ne s’agit pas de se demander si la punition positive est efficace ou pas, mais à quel prix. Même si c’est efficace, sur du court terme sur une action précise, est-ce que mon chien n’a pas développé d’autres peurs ?

Les chiens fonctionnent par association. Ils font des associations entre des éléments, et des conséquences. Si les conséquences sont négatives, ils font des associations négatives. Suite à cela ils vont développer une liste de choses dont ils devraient « se méfier ». Dans cette liste il peut y avoir… toi-même ! L’éducation coercitive est dangereuse car on ne contrôle pas l’association que le chien fait, et parfois il peut associer la conséquence négative à la poubelle, à toi, aux enfants, aux autres chiens, etc…  Et les problèmes peuvent ressortir ailleurs.

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