Votre chien peut-il être dangereux ?

“Mon chien est gentil” et “ce chien est méchant”… En tant qu’éducatrice spécialisée dans les comportements canins, j’accompagne de nombreux chiens dits difficiles, réactifs, ayant déjà mordu, aboyant fort, ou se jetant sur d’autres chiens ou personnes. Et au fil des années, j’ai entendu beaucoup d’idées fausses à ce sujet, c’est pourquoi j’aimerais clarifier tout cela.

Est-ce qu’il existe des chiens “gentils” et “méchants” ?

Est-ce que des chiens sont plus dangereux que d’autres ?

A quoi faut-il penser quand on adopte un chien, d’un point de vue de la dangerosité ?

Conclusion

Est-ce qu’il existe des chiens “gentils” et “méchants” ?

Premièrement il faut comprendre qu’aucun chien n’est ni “gentil” ni “méchant”. Ces étiquettes sont des jugements humains qui simplifient à l’extrême la complexité du comportement animal. Dire qu’un chien est “gentil” sous-entend qu’il serait né avec de bonnes intentions, et inversement pour le “méchant”. Or, cela ne reflète pas la réalité.

Je vais éviter de trop entrer dans les détails ici, mais on peut seulement dire entre humains qu’un “comportement” ou une “intention” est gentille ou méchant , mais pas une personne.. C’est d’ailleurs ce que j’explique davantage dans mon podcast et article sur les étiquettes , n’hésitez pas à regarder si vous êtes curieux.

Il serait donc plus juste de dire : “ce comportement est méchant” plutôt que de juger le chien dans son ensemble.

En tant que comportementaliste, je me base sur des sciences rigoureuses comme le behaviorisme et l’éthologie. Dans ce cadre scientifique, on ne parle jamais de notions comme le “bien” ou le “mal”, car aucune preuve n’indique que les animaux ont une notion de morale.

Est-ce que des chiens sont plus dangereux que d’autres ?

Il faut d’abord comprendre que, tout comme nous, les chiens sont des animaux et réagissent à leur environnement en fonction de leurs instincts et de leurs perceptions. Lorsqu’un chien se sent en danger, il entre en mode “survie”. 

Le chien a des options qui sont assez limitées :

  • freeze– Se figer pour observer la situation.
  • flight – S’échapper de la menace.
  • fight– Faire fuir l’agresseur

Dans un premier temps, un chien peut rester figé. Puis, il doit prendre une décision rapide : fuir ou faire fuir l’agresseur. Ces deux options ont un objectif commun : éloigner le danger.

Ce qu’il est important de retenir, c’est que ce comportement n’est jamais motivé par de la méchanceté, ni gratuit. C’est une réaction de peur, parfois difficile à identifier, mais toujours présente. 

Maintenant que l’on a identifié que le chien n’est pas “méchant” mais qu’il veut faire éloigner le danger, cela n’empêche en rien que cela peut faire mal, ou même être dangereux. 

En effet, le chien va se défendre contre ce danger qu’il a identifié, et à ce moment-là il peut être sous adrénaline, et même développer une force supplémentaire (c’est le rôle de l’adrénaline – je ne sais pas si vous avez déjà testé, c’est impressionnant). 

Le chien peut alors blesser un animal, un humain, voire même lui-même et donc on peut alors parler ici de “dangerosité”, c’est-à-dire qu’il y a un risque de blessure. 

Le chien peut en arriver à mordre, ou il peut blesser un chien plus petit que lui, ou il peut arracher sa laisse de la main de son propriétaire et créer un accident de voiture, ou il peut renverser quelqu’un (son propriétaire ou quelqu’un d’autre) et lui casser la hanche, etc. 

On se rend alors bien compte que le degré de “risque”, et donc de dangerosité, dépend de nombreux facteurs.

Par exemple en Suisse, on parle de “dangerosité supérieure à la norme”. Alors bien sûr, difficile de quantifier et objectiver, mais on comprend bien la notion que TOUS les chiens peuvent être dangereux, mais qu’il y a quand même une différence entre un bichon qui n’a peur de rien ou qui prend la fuite quand il a peur, et un berger allemand qui a peur d’une mouche à 100m et qui prend toujours la défensive et jamais la fuite. (caricature bien sûr)

A quoi faut-il penser quand on adopte un chien, d’un point de vue de la dangerosité ?

Lorsqu’on adopte un chien, il est important de se poser plusieurs questions afin de limiter le risque de dangerosité, voici une liste non-exhaustive de critères par rapport au chien à adopter :

  • taille et poids du chien mais aussi de son humain
  • contrôle du propriétaire (verbal) (“obéissance”)
  • conscience du propriétaire du problème
  • environnement de vie
  • exposition au risque
  • type de morsure (multiples, ou pas)
  • nombre de signaux pour prévenir ou pas
  • aggression défensive /réactive ou offensive sur chien ou humain ?

On oublie trop souvent que lorsqu’on parle d’un chien pesant 45 kg, là on parle de sa masse, mais non pas du poids équivalent au bout de la laisse. La puissance musculaire d’un chien est telle que son accélération le mène en quelques mètres à 20, voire 40, km à l’heure. A 20 km/h, le poids de notre chien est multiplié par 5,5 et à 40 km/h, il est multiplié par 11.

Imaginez ce chien, promené sous le contrôle d’une laisse extensible (laisse à rallonge), qui prend peur et veut se défendre. En bout de laisse, après un démarrage et cinq mètres de course, car le propriétaire était sur son téléphone, le voici avec un poids équivalent au bout de la laisse estimé entre 225 kg et 495 kg. On aurait beau être très costaud, mettre la laisse sous le pied, … on s’envolerait. 

Il existe pour les professionnels des grilles d’évaluation pour cela, où l’on peut calculer le facteur de dangerosité d’une SITUATION. Car ce n’est pas le CHIEN en soit qui est dangereux, c’est bien la SITUATION qu’il faut considérer. Le même chien, en écosse sans jamais personne autour de lui, ne peut pas faire de mal à personne. 

D’ailleurs, le même “problème” selon la situation peut être un avantage ou un inconvénient :

  • un chien qui fait de la protection à la maison contre les chiens qui passent devant le grillage = pas adapté, un chien qui protège son troupeau à la montagne = adapté.
  • un husky qui tracte un traineau = adapté, un husky qui tracte une mamie sur le trottoir = pas adapté hahaha

Conclusion

Je sais que cet article n’est pas des plus réjouissants, mais il est réaliste. Je le partage car de nombreux élèves arrivent avec des chiens dits “difficiles”, ne s’imaginant pas se retrouver dans une telle situation. Et c’est compréhensible : personne n’adopte un chien en pensant qu’il développera des peurs ou des comportements à risque. Mais une fois que cela arrive, on réalise vite que, avec un chien de 25 kg, les conséquences sont bien différentes que celles d’un petit chien de 5 kg.

Alors, je dirais :

– rappelez vous que votre chien n’est pas méchant. Il a développé des peurs et il veut se défendre.
– essayez d’évaluer le degré de dangerosité de la situation de vous et votre chien en fonction des différents facteurs environnementaux. . Pensez aussi à votre santé mentale !
– Quand vous adoptez un chien (ou que vos proches adoptent un chien), invitez les à se poser la question du rapport taille/poids/force, du type de chien (chien qui développent facilement des peurs ? en cas de peur, qui part plutôt en fuite ou en défense ? traumatismes dans le passé ?), de l’environnement (ville ? alors il faut un chien vraiment sans problème), etc.


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